Les épreuves de judo des Jeux Olympiques de Tokyo viennent de se terminer. Nous avons eu la chance d’admirer les virtuoses de notre discipline et en premier lieu bien sur, les judokas japonais qui ont conquis 5 médailles d’or chez les hommes et 4 chez les femmes. 9 titres olympiques en une seule édition, je crois que c’est un record. Nous avons aussi assisté à une très brillante performance collective de l’équipe de France, qui a remporté la première édition de la compétition par équipe.  Un magnifique moment de sport, où l’on a senti une envie immense chez les judokas français qui ont réussi l’exploit de battre l’équipe japonaise en finale et à domicile. Emmenée par Clarisse Agbegnenou et Teddy Riner, cette équipe fait vraiment plaisir à voir. Au delà des passionnés de Judo, le public français ne s’y est pas trompé et au retour de Tokyo, l’équipe de France de Judo a reçu une très belle standing ovation sur le podium du Trocadero.

Mais après quelques jours de sommeil (je ne me lève plus à 4h00 cette semaine), les émotions se sont estompées. Et j’analyse désormais les combats des judokas de tous les pays d’une façon plus objective. Ma première observation qui n’est pas nouvelle, c’est de constater le nombre de combattants qui cherchent à gagner à l’aide de pénalités. Pour reprendre un « joke » trop répandu: « on dirait des combats de SHIDO »…Ma seconde observation, c’est le nombre étonnant d’attaques directes, non préparées (souvent considérées comme fausse attaque) et donc un judo de basse qualité, caractérisé par beaucoup trop d’actions inutiles, inefficaces, incohérentes… A moins que la cohérence ne soit à analyser en termes de transgression vis a vis des nouvelles règles d’arbitrage ? Les athlètes judokas se précipitent pour attaquer afin de ne pas être pénalisés et pour que l’adversaire le soit. Cette évolution des règles, voulue par la Fédération Internationale de Judo, aboutit à un contre-sens vis à vis des principes du judo, et notamment le principe d’efficience et d’efficacité: Kuzushi – Tsukuri – Kake.

L’objectif de l’association STAGESJUDO depuis sa création en 2006, c’est de renforcer et de diffuser le sens du Judo, par la pratique et l’analyse de la pratique (donc en rapprochant la pratique et la théorie). Nous pensons qu’un moyen efficace de lutter contre la perte de sens et les dérives liées à la sportivisation à outrance et les influences du sport-business, c’est la pédagogie, la recherche et l’innovation dans les domaines de la formation et de l’entrainement. Les hommes de métier, les professeurs et les entraineurs ont entre leurs mains l’avenir du Judo. S’ils en sont pleinement conscients, ils poursuivront cette œuvre magnifique en formant de bon judokas, assumant ainsi l’héritage que nous a légué Jigoro Kano.

L’idée que je veux partager ici, c’est qu’il nous faut mettre en valeur dès le plus jeune âge, le projet de bien combattre, avec un comportement digne du Judo, au Dojo comme en compétition. Pour progresser encore même à haut niveau, nous devons montrer qu’il est possible de gagner grâce à la maîtrise des principes et des techniques du Judo. Cela nécessite de travailler encore pour que l’intelligence de jeu progresse, la technique s’affute et le principe d’efficience devienne visible, observable chez nos meilleurs judokas. Nous nous en rapprochons et nous devons nous motiver pour atteindre ce niveau d’excellence désormais envisageable.  Pour y parvenir les procédés d’entraînement spécifiques du judo que nous rappelons ici (Focus sur le Circuit d’Entrainement) sont indispensables. Leur apprentissage et leur perfectionnement doivent commencer très tôt dans la formation des jeunes judokas (Poussin – Benjamin), car la quête olympique commence à ces âges et sans doute un peu avant, lorsque les professeurs et l’environnement du club, de l’école de Judo transmettent aux enfants les premières images et les premiers messages à propos de notre discipline. « Le Judo est une culture qui se transpire de génération en génération »…

Patrick Roux
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